Tinou pot-de-colle

Enfin de retour...un bébé plus tard, je vous propose une nouvelle histoire, sans images, parce que vraiment je mets trop de temps à dessiner pour un  résultat bof bof.

Bonne lecture !

TINOU POT-DE-COLLE

 Tinou est un petit garçon adorable, tout mignon, un vrai bout de chou, on le mangerait tout cru, mais surtout Tinou est un petit garçon affectueux, très affectueux, extrêmement affectueux...trop affectueux, enfin bref Tinou est un vrai pot de colle.

 Il passe tout son temps dans les bras de sa maman parce qu'il l'aime. Mais il n'aime pas que sa maman. Oh non, il aime tout le monde. Et quand il aime, il colle. Il colle son père, il colle son frère, il colle sa soeur, il colle son papy et sa mamie, ses oncles et ses tantes, ses cousins et ses voisins.

 Sa maman dit toujours: "Tinou c'est pas un enfant, c'est de la glu." Et son père rajoute: "Va voir ta mère." Et son frère soupire: "Tu me gonfles..." Et sa soeur crie "Mais...euh Tinou t'arrête !" Tinou, lui s'en fiche, il les aime de tout son coeur et il les colle.

 Un jour de vacances, alors que toute la famille est en train de pique-niquer, la maman de Tinou lui dit: "Va donc coller l'arbre la-bas". Tinou part de suite donner tout son amour à l'arbre. Pendant ce temps, toute sa famille en profite pour plier bagage et l'abandonner. Tinou est tellement occupé à aimer l'arbre qu'il ne remarque rien, mais quand il ouvre les yeux il se rend compte qu'il est tout seul. Sur le coup, il pense: "Je vais pleurer." Et puis finalement il se dit qu'il va plutot partir à la recherche d'autres personnes à aimer de tout son coeur.

 Le voilà donc qui gambade à travers champs, tout en essayant d'attraper petits et gros animaux pour les serrer contre lui. Malheureusement, ces petites bestioles ne sont pas aussi enthousiastes.

 La journée passant, Tinou commence à avoir faim: "Bon maintenant c'est le moment de pleurer." mais il aperçoit une petite maison toute sombre. Il s'approche doucement et regarde par la fenêtre. Il voit une marmite en train de bouillir sur un feu de cheminée et il voit aussi une dame très vieille, avec une longue robe noire et un rire très étrange.

 Tinou a le coeur qui bondit, il a très envie d'aimer cette dame qui lui fait penser à sa grand-mère. Alors il se glisse dans la maison et va entourer de ses petits bras la jambe de la dame en noir qui est évidemment une sorcière.

 "Quoi ! glapit-elle. Qu'est-ce que c'est que ça ? Mais...mais...tu vas me lâcher oui!" La sorcière se débat dans tous les sens, lance la jambe, saute, court, mais Tinou tient bon.

 "Nom d'une ciguë ! Me v'la bien !" Tinou la regarde amoureusement. La sorcière réfléchit: " Je ne connais pas la formule magique pour ce genre de problème. Je peux essayer de l'ébouillanter mais je risque de me brûler aussi. Il faut que je trouve quelqu'un de plus fort que moi capable de me le décoller." Elle décide d'aller rendre visite à son copain l'ogre. Elle enfourche son balai, Tinou toujours accroché à sa jambe.

 Elle trouve l'ogre en train de jouer aux osselets.

"Dis-moi, Georges (car l'ogre s'appelle Georges) pourrais-tu me rendre un service ?"

Sans lever les yeux, l'ogre répond :

"Ca dépend Ursule (car la sorcière s'appelle Ursule)

- J'ai avec moi un enfant...

L'ogre se redresse brusquement.

-...et il me colle, je n'arrive pas à m'en débarasser. Il faudrait que tu me l'arraches et comme ça tu pourras le manger.

- Pas de problème Ursule !"

 Georges attrape les bras de Tinou pour le décoller de la sorcière. Il tire très fort mais rien à faire, Tinou s'accroche comme une moule à son rocher. Georges s'assoit, s'essuie la sueur sur son front et souffle un bon coup.

"Espèce d'empaffé ! Ça sert à quoi d'avoir des gros muscles si t'arrive pas à décrocher un moutard de vingt kilos !"

 Georges, vexé, gonfle ses muscles au maximum, et essaie à nouveau. Il tire, et il tire, et il tire, et il tire et patatras ! Tinou lâche et ils se retrouvent les quatre fers en l'air. Tinou regarde Georges avec ses grands yeux et il se colle à la grosse jambe de l'ogre. Ursule ricane: "Ah! Ah! Ah! Allez bon courage !" Et elle s'en va très loin sur son balai.

 Georges est bien embêté. Bien sur il pourrait essayer de l'arracher par petits morceaux, mais il déteste la vue du sang. Lui quand il mange des enfants, il les avale tout rond. C'est plus propre. L'ogre se creuse la tête quand soudain Tinou, fatigué de sa journée, baille, s'étire et lâche la jambe de Georges.

 "Ah! Ah! s'écrie l'ogre. Je vais te manger !"

 Tinou surpris, se met à pleurer si fort que l'ogre est obligé de se boucher les oreilles.

 "Stop! Arrête-toi! Je te ramène à tes parents mais tais-toi! "

 Tinou lui sourit et grimpe sur son dos. Georges, à grandes enjambées, traverse les marais, traverse les bois, traverse les champs, et arrive à l'aire de pique-nique où Tinou a été abandonné par sa famille. L'ogre renifle un grand coup et déclare :" Très bien, nous allons suivre leur piste."

 Et voilà Georges qui court sur la nationale, pressé de rendre l'enfant à ses parents. Après plusieurs kilomètres, il freine d'un coup devant une maison. "Pas de doute, c'est ici!" Il frappe à la porte et Tinou se jette dans les bras de sa maman quand elle ouvre.

 "Ah bah c'est bien ma veine! T'es vraiment un pot de colle." Et elle claque la porte sans même remercier Georges.

 Tinou lui est très heureux. Il va pouvoir coller sa maman longtemps, très longtemps, très, très longtemps...

FIN